Un peu d’histoire :
Le vinyasa Flow Yoga est tiré du travail de Krishnamacharya, connu comme étant le père du yoga moderne. Dans yoga moderne, nous entendons un yoga de l’occident, dans lequel se mêlent les tissages de l’orient et de l’occident, à travers la tradition. Comme le dit très justement Philippe Filliot, « l’enjeu théorique est de penser à partir d’un dehors le yoga indien, ici et maintenant, sans rêver d’un ailleurs lointain. »
Pour Krichnamacharya, le concept de progression était central dans son enseignement où il plaçait la singularité de ses étudiants au premier plan pour construire une pratique répondant à leurs besoins.
Etymologie
vi = manière spécifique de progresser
nyasa = fait de placer ou d’ordonner
«Il ne faut pas tenter à tout prix d’adapter la personne au yoga que l’on enseigne mais il faut impérativement adapter de façon juste le yoga à la personne ».

La pratique du vinyasa Flow Yoga :
Le vinyasa est une méthode de progression. Une vague se forme, l’eau tire sa force dans ces fondations pour, pas après pas, arriver à son pic, puis déferler et atteindre le calme. On parle également de vinyasa pour un ensemble de 2 ou 3 mouvements exécutés en flow continu qui permettent de lier les postures entre elles pour amener un retour au neutre. Cette dernière définition prend une large place dans la pratique de l’Ashtanga Yoga.
Cette manière progressive d’amener les asanas sous forme de vague se synchronise avec le souffle, pour que chaque action du corps soit encouragée. La chaleur interne produite par un rythme soutenu vient alors alimenter agni (le feu digestif) et ainsi agir comme purification interne du corps.
La pratique du vinyasa flow yoga invite à observer de où je pars. Quel est mon état du moment, état du corps, état de l’esprit. Une simple observation qui permet ensuite de poser une intention, un sankalpa, afin de développer une qualité qui peut nous manquer à ce moment-là. On parle là d’une simple observation, un simple constat, pas de jugement. Il ne s’agit pas de trouver cela bien ou mal. Il est important de prendre en compte cet état du moment dans sa pratique et d’évaluer sa capacité à agir. Un corps fatigué, une agitation mentale dense ou des tensions demandent à adapter la pratique pour ne pas aller trop loin et ainsi aller vers une pratique restauratrice.
Pour les mêmes raisons, il est essentiel de savoir évaluer quand un niveau de pratique est atteint avant de passer au suivant. Chaque posture peut être pratiquée selon différents krama (niveaux). Lorsque le travail du premier krama est intégré, il est possible alors de passer au krama supérieur.
« L’esprit du viniyoga c’est partir de là où on se trouve. Puisque chacun est différent et change de temps à autre, il ne peut y avoir de point de départ commun et les réponses toutes faites ne serviront à rien. »
Les mouvements sont initiés par le souffle, comme un éveil à notre énergie interne pour en explorer les effets. Cet allongement du souffle et cette conscientisation de l’air qui entre et qui ressort nourrissent profondément les cellules.
Il y a une pleine et entière interdépendance corps-esprit-émotion comme dans le travail asana-pranayama-méditation. Comme un fil qui relie ces notions, rien ne peut être séparé sans en perdre les bénéfices.
«Le fait de ralentir consciemment la respiration revient à rallonger la vie. On dit que tous les individus ont droit au même nombre de respirations réparties sur cent ans de vie. On a donc intérêt à ralentir le souffle par le prânâyâma, contrôle qui a des répercussions pendant les exercices mais, à la longue, également sur la respiration ordinaire. »
«Le vinyasa yoga requiert que nous cultivions une conscience qui lie chaque action à la suivante, une respiration à la fois ».
«Il s’agit de se placer dans une position de réceptivité et de disponibilité pour recueillir en soi les fruits de l’action entreprise et goûter intérieurement les résultats éventuels de la pratique. »
Et dans la vie de tous les jours !
En cultivant cette pratique du vinyasa dans tous les aspects et domaines de notre vie, nous nous amenons à vivre les transformations avec beaucoup plus de souplesse et de conscience. Comme les cycles de la nature, des saisons, nous sommes ouverts aux changements constants. Cette conscience plus fine nous permet également de saisir les instants où les choses semblent s’aligner.
« le vinyasa est ce qui sous-tend l’ordre cosmique : l’arrangement des notes dans le raga ou dans un concerto de Mozart, les pas le long du chemin jusqu’au sommet de la montagne, la succession des saisons, la création et la dissolution d’un mandala tibétain de sable, la succession des jours et des nuits, les marées en réponse à la lune, le lien d’un asana au suivant, tout est vinyasa ».